JEAN-YVES LENOIR
ÉCRIVAIN ET COMÉDIEN

Le pigeon

 

" Le pigeon "
Projet de publication d’un livre aux Editions Osmondes

Histoire résumée d’une longue saga pour tous ceux qui cherchent un éditeur.


Août 2002 :

Je soumets un de mes manuscrits (recueil de poèmes en prose) intitulé "Village" à différents éditeurs. Ce manuscrit est immédiatement retenu par Madame Nicole Fioramonti, directrice des Editions Osmondes (Paris 18ème).

Novembre 2002. :
Je décide de confier l’édition et la diffusion de "Village" aux Editions Osmondes.
Osmondes est recommandé (trois "étoiles") par le guide des écrivains "Audace".
Madame Fioramonti m’envoie un contrat en deux exemplaires que je retourne dûment rempli et signé.

Par ce contrat, les Editions Osmondes s’engagent à publier et diffuser le recueil sous deux ans maximum (à compter de la date de signature).
Je m’engage à verser la somme de 3250 euros pour achat personnel de 250 exemplaires.
J’envoie un premier chèque de 1650 euros, conformément au contrat. Le chèque est encaissé.

Novembre 2003 :
Je reçois les premières épreuves du manuscrit. Madame Fioramonti me demande de verser les 1600 Euros restants et, désolée d’avoir autant tardé pour la réalisation des épreuves, me propose d’ajouter gracieusement de nouveaux textes pour "épaissir" le livre.
Je renvoie les épreuves corrigées ainsi que de nouveaux textes, et le chèque de 1600 euros, qui est alors encaissé.
Le titre du livre (environ 230 pages) sera "Coquelicots".

2004, 2005, 2006 :
De semaine en semaine, de mois en mois, Madame Fioramonti (cependant très difficile à joindre) repousse la publication.

Mars 2006 :
Les Editions Osmondes sont condamnées par le Tribunal de Grande Instance de Clermont-Ferrand à restituer la somme versée de 3250 euros, à laquelle s’ajoute une somme pour le préjudice causé par l’éditeur. Le manuscrit doit également être restitué.

Août 2007, 2008, 2009, etc. :
Les Editions Osmondes – qui par ailleurs éditent de nombreux ouvrages – sont toujours en possession des épreuves des textes et de l’ensemble des documents nécessaires à la publication et n’ont strictement rien restitué :  ni manuscrit ni argent. Statu quo.

Ecrivains : surtout  fuyez cette adresse ! Ne faites pas comme le crédule pigeon que je suis !
Les Editions Osmondes présentent un contrat attrayant. Madame Fioramonti est d’un commerce agréable : il est intéressant de s’entretenir avec elle de livres, de littérature, d’idées, de religion, de social, d’art, etc.
Mais attention : même " Audace " qui, depuis a complètement rectifié son jugement, s’est laissé subjuguer.

                                                           Jean-Yves Lenoir

 

 

 

 

Coquelicots

 

Sur les prairies, sur les fils tendus entre les piquets de bois, séchait le linge de printemps avant le repassage. Et l’odeur de lessive nous pénétrait.
Souvenez-vous de l’instant où les coquelicots fermés dans leurs boutons ne laissent deviner que des liserés, rouge pâle, entre les sépales accolés ; bien avant que les prairies ne se composent de leurs écharpes rouges épanouies.
- Elles vont s’ouvrir ; bientôt elles vont s’ouvrir.
Je décollais moi-même les membranes vertes, les séparais, les cloquais du bout du doigt, puis avec délicatesse dépliais les pétales naissants. La fleur prenait son image de fleur, fraîche et belle, encore chiffonnée.
Souvenez-vous aussi de ces fillettes qui se cachaient avec moi près de la cour d’école, dans ces prairies attenantes, bientôt fleuries. Chaque jour, l’une d’entre elles se tenait devant moi, fière. Avec la même délicatesse, je levais sa robe, ému et tendre, ou sa jupe, puis je levais son jupon, elle me donnait à la voir.
- Les fleurs, disais-je, sont habitées par des femmes, les coquelicots par des fillettes.

Lorsque j’eus mes dix ans, mes parents et moi déménageâmes. J’entrai en classe de sixième au Lycée Descartes à Tours. A la ville.
J’oubliai les coquelicots. Je ne revis jamais les fillettes.